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Eseuri: Magda Carneci. Lettre ouverte a Gérard Pfister
Scris la Sunday, May 10 @ 15:40:18 CEST de catre asymetria |
Peu de poèmes d’aujourd’hui arrivent à
passer outre ces contraintes « raisonnables »
devenues presque inconscientes, surtout dans le monde littéraire
français, peu de poèmes arrivent à transmettre
une vraie expérience d’une vie « plus
réelle », comme vous dites, parce que extrêmement
intense, d’un « réel plus vrai »,
d’un « réel absolu » parce que
vécu avec une intelligence émotionnelle plus profonde
que d’habitude, compris avec une rationalité nourrie de
certaines dimensions autres de notre cerveau encore peu connu…Alors,
pourquoi déplorer l’opacité du public, quand on
lui offre de petites expériences tièdes - certes,
humaines, voire trop humaines - alors qu’il peut les avoir
aisément par d’autres moyens, romanesques ou
cinématographiques ?
Lettre ouverte à
Gérard Pfister. Editions
Arfuyen
Monsieur,
Récemment,
j’ai acheté l’ouvrage « La poésie,
c’est autre chose. 1001 définitions de la poésie »
que vous avez publié et je me suis régalée de la
profusion et surtout de la beauté des citations et des
commentaires sur l’acte poétique que vous avez mis
ensemble. La simple lecture de ces citations donne déjà
le vertige poétique, car la charge émotionnelle
encapsulée dans les mots est telle, venant d’une
expérience du « réel plus vrai »,
comme vous dites, qu’elle provoque nécessairement le
frisson mental et une vibration émotionnelle.
En
lisant le livre, je me suis sentie brusquement « chez
moi », en présence de ma « tribu
poétique éternelle », c’est-à-dire
dans l’espace psycho-mental où se manifeste ce que
l’expérience poétique a de plus enthousiasmant,
d’irréductiblement autre, de sublime, de presque
sacré. Voici autant d’états émotionnels
souvent difficile à montrer, à affirmer, à
déclarer aujourd’hui, surtout quand l’expérience
poétique atteint un certain seuil, arrive à une
certaine intensité qui provoque le dépassement des
limites connues, balisées et acceptées.
Et
ici je viens à ce que je voudrais vous transmettre. En lisant
votre belle anthologie et en pensant aux poètes cités,
je me suis dit que souvent c’est plus facile d’écrire
sur les dons extraordinaires de la poésie que de produire des
effets peu ordinaires par et à travers les vers poétiques.
Que souvent, ce qui passe à travers les poèmes
d’aujourd’hui, ce n’est pas l’expérience
qui donne naissance à un poème, mais plutôt son
commentaire : la réminiscence de cette expérience-là,
son souvenir déjà lointain, ses traces déjà
un peu effacées, tout cela est reformulé d’une
manière convenable pour le mental standardisé et
« intellectualisé » qui prédomine
aujourd’hui chez les gens cultivés… Je me suis
dit que les poètes préfèrent souvent de donner
une sorte de résumé ou de conclusion de l’expérience
éruptive de la poésie, car elle est évanescente
par définition : vécue d’abord dans sa
présence brusque, étonnante ou éblouissante,
elle est ensuite transposée dans l’échafaudage
sonore fixe et rétrécissant du poème. Cela est
inévitable, je sais, je le concède, étant donné
les limites de nos moyens langagiers. Cependant, la mentalité
rationaliste et matérialiste d’aujourd’hui pousse
les poètes eux-mêmes à se priver des grandes
expériences intérieures, à se contenter de
petites expériences liées à leur vécu
immédiat, journalier, « comme il faut »,
pour ne pas choquer le public avec des expériences qui
dépassent la vie banale et le « petit sentiment »
ou le « petit raisonnement » de la grande
majorité…
Cela
fait que peu de poèmes d’aujourd’hui arrivent à
passer outre ces contraintes « raisonnables »
devenues presque inconscientes, surtout dans le monde littéraire
français, peu de poèmes arrivent à transmettre
une vraie expérience d’une vie « plus
réelle », comme vous dites, parce que extrêmement
intense, d’un « réel plus vrai »,
d’un « réel absolu » parce que
vécu avec une intelligence émotionnelle plus profonde
que d’habitude, compris avec une rationalité nourrie de
certaines dimensions autres de notre cerveau encore peu connu…Alors,
pourquoi déplorer l’opacité du public, quand on
lui offre de petites expériences tièdes - certes,
humaines, voire trop humaines - alors qu’il peut les avoir
aisément par d’autres moyens, romanesques ou
cinématographiques ? En plus, l’expérience
poétique prétend un certain état d‘âme
ou d’esprit, pour lequel les gens pressés et peu
profonds d’aujourd’hui n’ont ni l’éducation,
ni le temps, ni le goût. En plus, la forme des poèmes
souffre souvent d’une mise en page soit elliptique, soit
prétentieuse, soit narcissique, qui n’encourage pas
vraiment la « mise en état » du lecteur.
Le
manque d’appétit pour la poésie aujourd’hui
est dramatique, j’en suis d’accord. Mais je pense que
l’erreur, s’il en est une, appartient aussi aux poètes.
Car les poètes ne se sentent pas concernés de fournir
cette « mise en état » et d’en
donner l’exemple. Les poètes ont accepté
eux-mêmes la « vulgate rationnelle » de
leur temps et se sont pliés plus ou moins volontiers aux
idiosyncrasies, au scepticisme et au nihilisme du milieu environnant.
Ils n’ont pas su résister à cette pression énorme
que représente la « pensée dominante »
d’aujourd’hui, façonnée par les
intellectuels et les journalistes concernés uniquement par la
réalité socio-politiquo-médiatique. Par
conséquent, les poètes ont renoncé à leur
« sur-émotion » et à leur
« sur-intelligence », ou « sur-rationalité »
de peur d’être considérés comme religieux,
ou comme – que Dieu nous garde ! - mystiques, ou
simplement comme cinglés (la façon dont on utilise à
présent le mot « illuminé » en
français en dit long). Les poètes ont accepté
finalement de se laisser castrer de ce qui représente leur don
spécial, leur capacité innée, et surtout leur
rôle nécessaire dans le métabolisme global de
l’humain : avoir accès spontanément à
des états intérieurs plus fins, plus intenses et plus
élevés et de les faire se (re)produire par « grâce
sonore» chez les autres, donc pousser un peu plus loin les
limites de notre capacité de synthèse vivante, vers ce
qui dépasse l’acquis sensoriel-emotionnel-rationnel de
l’homme tel qu’il est à présent.
Et
si les poètes visionnaires, les théologiens subtils,
les mystiques d’antan et parfois les cinglés de toujours
tâtonnaient tous, à leur façon, certaines
capacités humaines non encore développées, mais
seulement pressenties par les uns et les autres ? Et si les
expériences religieuse, mystique, poétique ou de la
folie ont en commun le bourgeonnement d’une autre pensée,
d’une autre intellection, plus vaste, plus vertigineuse :
une pensée connectée simultanément à ses
propres niveaux différents, qu’elle a tenus jusqu’à
présent séparés les uns des autres, une pensée
forte, intégrale et intégrative, capable de nous mettre
en contact avec la totalité de nous-même et avec
l’intelligence globale, universelle ? Et si l’expérience
poétique, comme toute vraie expérience de notre être,
c’est l’approchement hésitant, tâtonnant et
asymptotique du noyau central de notre cerveau ? Ce « saint
des saints », irradiant et innommable, où se
concentrent toutes les arborescences perceptives et intellectives,
vécues et potentielles, de notre être, où sont
sublimés toutes les étapes et les niveaux d’entendement
précédents, où se joue la possibilité de
notre pensée totale et éblouissante, capable de nous
connecter en un éclair au reste vivant du monde et au mystère
vibrant de l’univers ?
En
fait, si ce noyau-ci est l’expérience « centrale »
dont parle depuis toujours la vraie poésie, cela devrait
traverser les mots du poème, cela devrait se sentir dans les
vibrations sensorielle & émotionnelle & intellectuelle
provoquées par le poème : c’est-à-dire,
cela devrait se sentir dans son ouverture sensible vers le spirituel.
Car le spirituel, ce n’est pas un fantôme
religieux, ce n’est pas une relique conceptuelle douteuse
d’autrefois, ce n’est pas un mot creux et vain, c’est
une expérience concrète et vivante de la connexion
entre le sensoriel, l’émotionnel et le rationnel de
notre intellect harmonisé et complet, ouvert de la sorte vers
des niveaux d’intégration encore peu connus. Le
spirituel est l’étape suivante de l’humain - après
le dépassement de l’ère de l’émotion
et de la foi, au Moyen Age, après l’ère de la
rationalité pratique et expérimentale des temps
modernes - c’est l’ère de l’intégration
de toutes les expériences fragmentées de notre être
immergé dans la réalité : une intégration
traversant le monde vers plus que le monde, tout en restant dans le
monde. Après les religions de toutes sortes, avec leurs
pratiques conformistes ou fanatiques, après les idéologies
et les agnosticismes de toutes sortes, avec leurs contraintes
appauvrissantes pour la pensée des humains, il nous faut
préparer l’ère de l’intégration de
toutes les dimensions de l’homme dans une nouvelle unité,
harmonieuse et vibrante.
En
cela, la poésie peut jouer un rôle. Car elle a pressenti
depuis longtemps cette étape lointaine de notre modalité
complète d’être dans le monde, elle l’a
pressentie à côté des religions et des
expériences mystiques ou autres. « Le poète
se souvient de l’avenir », disait Jean Cocteau. Dans
un monde comme le nôtre d’où les religions sont
parties et où les expériences mystiques sont bannies,
la poésie peut jouer le rôle de garder vivant le
souvenir d’un « au-delà » de notre
compréhension banale et bornée et de nourrir le
pressentiment d’un dépassement possible de nos
limitations actuelles. Elle peut entretenir la possibilité
d’une intelligence autre (ou sur-intelligence) mariée à
une « émotionalité » autre (ou
sur-émotion) pour l’advenue d’une
sur-compréhension ou méta-compréhension (donc
d’une méta-physique) autre, dans une forme nouvelle, non
religieuse et pourtant unitive, vive, intégrative, à la
portée des tous.
C’est
la seule manière pour les poètes de garder encore un
rôle, un rôle nécessaire, un vrai rôle dans
le sein de l’« humanité intégrale »
qui se prépare à présent à éclore
à partir de l’humanité actuelle. Mais, pour cela,
les poètes contemporains devraient se préparer eux
aussi, devraient avoir le courage de témoigner plus
ouvertement de leurs expériences autres : somme toute,
ils devraient s’ « i-limiter » d’abord
eux-mêmes. Se mettre en abyme, tenter les vraies expériences,
faire de la « métaphysique expérimentale »
d’abord (sur) eux-mêmes. Et surtout, les poètes
devraient avoir la force de faire passer plus intensément
cette « vibration éveillante» à
travers leurs mots - un peu dans la manière dont René
Daumal présentait la « poésie objective »,
celle qui pourrait vraiment changer notre être. C’est
cette vibration qui intensifie notre être au-delà de
lui-même que nous attendons tous. Les poètes devraient
se mettre plus ouvertement à la fréquence « oméga »
de leurs propres possibilités « étriques ».
Sinon,
les poètes resteront des vestiges dépassés de
l’histoire des humains, dans son cheminent vers l’homme
intégral.
Paris,
le premier mai 2009
Magda
Carneci
Nota: Magda Carneci. Profesie :poeta
Data si locul nasterii : 28 Decembrie 1955 - Garleni, judetul Bacau. Varsta: 53 de ani.
Magda Carneci este o poeta, critic de arta si publicista romana. A utilizat si pseudonimul Magdalena Ghica, pana in anul 1989.
Biografie
Este fiica lui Radu Carneci, poet, publicist si traducator, si a Emiliei Carneci (nascuta Romaniuc), inginer silvic. Poet, eseist, critic si teoretician de arta roman. A absolvit Facultatea de Istoria si Teoria Artei a Institutului de Arte Plastice „N. Grigorescu" din Bucuresti in 1979. In 1997 a obtinut un doctorat in istoria artei la Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales din Paris. A obtinut de asemenea numeroase burse de cercetare pre si postdoctorale in strainatate. In epoca studentiei a frecventat cenaclurile literale Amfiteatru si Cenaclul de luni din Bucuresti, condus de criticul Nicolae Manolescu. A activat ca cercetator stiintific la Institutul de Istoria Artei din Bucuresti si ca presedinta a boardului Centrului International pentru Arta Contemporana (CIAC) din Bucuresti. Este si co-director al revistei de arte vizuale Artelier.
In prezent conduce Institutul Cultural Roman din Paris.
Debutul poetic are loc in 1975 in revista Romania literara, sub pseudonimul Magdalena Ghica, pe care il va folosi pina in 1989. Debutul editorial se produce in 1980 cu volumul Hipermateria, aparut la Cartea Romaneasca. A publicat numeroase grupaje de versuri in revistele literare din tara si in diferite reviste din strainatate.
Volume de poeme
O tacere asurzitoare, Eminescu, 1985; Haosmos, Cartea Romaneasca, 1992; Psaume, Autre Temps, Marseille, 1997 (in franceza); Poeme/ Poems, Paralela 45, 1989 (in romana si engleza, traducerea fiind realizata impreuna cu Adam J. Sorkin). Prezente in antologii
Critica de arta
Monografii
Ion Tuculescu, Meridiane, 1985; Lucian Grigorescu, Meridiane, l989
Eseuri
Arta anilor’80. Texte despre postmodernism, Litera, 1996
Art of the 1980s in Eastern Europe. Texts on Postmodernism, Paralela 45, 1999, un studiu care analizeaza fenomenul postmodernismului romanesc reflectat in artele plastice.
Volume colective
Textul este disponibil sub licenta GNU pentru documentatie libera. Versiunea originala a acestei note biobibliografice se afla la: http://ro.wikipedia.org/wiki/Magda_Carneci
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